Encore trop souvent banalisée, la dépression est pourtant une maladie mentale à prendre au sérieux. Il est important de savoir reconnaître les premiers signes et de consulter un psychologue pour la soigner.
Qu’est-ce que la dépression ?
D’après l’Organisation Mondiale de la Santé, la dépression pourrait devenir la deuxième cause d’invalidité dans le monde après les troubles cardio-vasculaires. C’est dire l’enjeux pour notre société : savoir prendre en charge cette maladie et faire en sorte qu’il y ai une prise de conscience collective de son importante. Dans l’opinion publique et dans le monde médical, les signes de la dépression sont encore trop souvent minimisés.
La dépression peut intervenir à n’importe quel moment de la vie y compris à l’enfance même si, dans la grande majorité des cas, elle intervient au début de l’âge adulte ou à la fin de l’adolescence.
Les troubles dépressifs se caractérisent d’après le DSM-5 (le manuel de diagnostic des troubles mentaux) par la présence d’une dépression diagnostiquée par :
- une tristesse,
- de l’irritabilité,
- un retard psychomoteur (qui est un ralentissement du corps et de l’esprit),
- des idées noires ou des envies de suicide.
« Des » dépressions plutôt qu’ « une » dépression
Nous avons tendance à parler de la dépression avec un grand « D » comme si il n’existait qu’une seule forme de ce trouble. Or ses origines et ses traductions sont nombreuses et varient d’une personne à l’autre.
1. Le Trouble dépressif majeur
L’élément essentiel de ce diagnostic est une humeur triste ou la perte d’intérêt ou du plaisir dans les activités habituelles. Tous les symptômes doivent être présents quotidiennement, sauf les idées suicidaires ou les pensées de mort qui n’ont besoin que d’être récurrentes.
Ce trouble peut être des caractéristiques :
- catatoniques
- mélancoliques
- atypiques
- Avec début lors du post-partum
2. Le Trouble Dysthymie ou le Trouble dépressif persistant
Le diagnostic doit être rejeté si les symptômes proviennent d’un deuil normal.
La dysthymie est une forme légère et chronique de dépression durant au moins deux ans, et durant laquelle la personne éprouve une humeur dépressive la plupart de la journée et avec deux symptômes de la dépression.
3. Le Trouble dysphorique prémenstruel
Ce trouble survient environ une semaine avant les menstruations et se caractérise par l’irritabilité, la labilité émotionnelle, des maux de tête, de l’anxiété ou des symptômes dépressifs, le tout rentrant dans l’ordre après les menstruations.
4. Le Trouble dépressif induit par une substance/un médicament
Ce trouble dépressif s’explique par l’utilisation d’une substance (par exemple l’alcool) ou un médicament (par exemple les benzodiazépines)
5. Le Trouble dépressif dû à une autre affection médicale
Ce trouble dépressif trouve son origine dans une maladie physique (comme l’hypothyroïdie).
D’autres classifications sont également possible en fonction de la vision
que l’on a de la souffrance psychique. En effet, il est possible également de
parler de dépression noogène.
6. La dépression noogène
Le concept de névrose noogène renvoi au sentiment de “vide existentiel” que chaque personne peut vivre durant son existence. Pour Frankl qui est à l’origine de ce concept de dépression noogène, la personne souffrant de dépression noogène est dans l’incapacité de réaliser sa volonté de sens, c’est à dire qu’elle ne parvient pas à réaliser ce qui fait sens pour elle dans sa vie.
Dès lors, ce vide existentiel a besoin d’être réfléchi, compris comme une alerte pour signaler à la personne qu’elle n’est pas épanouie. Ce vide ne se traite pas directement avec des médicaments mais par la parole et une recherche de sens au travers d’entretien avec un thérapeute existentiel.
Les causes de la dépression
La dépression a plusieurs causes notamment des causes biologiques psychologique social ou environnemental.
Il est difficile de dire avec précision ce qui cause la dépression car c’est une pathologie qui est complexe. Nous savons désormais que différents facteurs sont à l’oeuvre, notamment l’hérédité génétique, la biologie, les événements de vie, le milieu socioculturel dans lequel on évolue et évidemment les habitudes de vie de la personne.
1. Héritage génétique
D’un point de vue génétique, il est probable que la dépression puisse avoir
un bagage héréditaire.
Différentes expériences avec des jumeaux ont pu prouver qu’il y avait une dimension héréditaire dans la pathologie de la dépression. Bien qu’il soit encore difficile de pouvoir identifier les gènes impliqués dans cette maladie, les recherches se poursuivent. Pour autant, il est important de rappeler que ce n’est pas uniquement une pathologie génétiques mais une pathologie multifactorielle.
2. La biologie du cerveau
La dépression est également causée par les neurotransmetteurs
au niveau du cerveau. Les avancées scientifiques sont encore un peu incertaines et en plein développement mais on sait que pour les personnes dépressives, il y aurait un déficit et déséquilibre des neurotransmetteurs notamment la sérotonine, la dopamine ou la noradrénaline.
3. Le mode de vie
C’est ce déséquilibre qui entraîne une perturbation au niveau des connexions neuronales et amène la personne à avoir une baisse de l’estime d’elle même, un déficit d’intérêt et un ralentissement psychomoteur. Ces neurotransmetteurs sont à l’origine des perturbations et du dérèglement hormonal. Ces derniers seraient en cause dans l’hypothyroïdie, ce qui contribuerez au développement et aggravation de la dépression.
Les habitudes de vie sont un facteur extrêmement important dans le
développement ou l’apparition de la dépression. On sait que le tabagisme,
l’alcool ou le fait d’avoir peu d’activité physique a un impact direct sur cette pathologie notamment dans son développement ou son a gravement. De même, les conditions de vie, c’est-à-dire l’environnement dans lequel la personne vie peut être un facteur aggravant de dépression comme :
- Des conditions économiques précaires,
- un stress important (dans la
- vie personnelle comme dans la vie professionnelle),
- le fait d’être isolé socialement (d’avoir
- peu d’interactions avec des amis ou de la famille)
- etc.
Tous ces facteurs vont nuire de façon importante au bien-être psychique de la personne et risquent d’aggraver ou de déclencher une dépression.
4. Des éléments de vie difficiles
Enfin les événements de la vie quotidienne peuvent être l’une des causes à l’origine de la dépression.
La perte d’un proche, une séparation, l’annonce d’une maladie grave, des changements professionnels défavorable comme la perte de son emploi ou tout autre traumatisme peut évidemment enclencher et développer une une dépression.
La personne subissant un moment de vie douloureux sera en effet fragilisée psychiquement et risque de développer une dépression plus facilement que sans ces éléments de vie traumatisants.
5. Les risques de la dépression
Il existe malheureusement différentes complications qui sont directement liées à la dépression.
La première est évidemment le risque de passer d’une dépression épisodique à une dépression chronique si la personne déprimée ne consulte pas et ne se traite pas.
La seconde est la persistance des symptômes qui peut conduire à une aggravation de la dépression ou à d’autres troubles (somatiques comme psychiques). Ces troubles peuvent être :
- l’anxiété
- le rapport de dépendance avec différents produits (comme l’alcool, les drogues, médicaments, etc.)
- une augmentation de certaines maladies (comme les maladies cardio-vasculaires ou les maladies diabétiques.
La troisième complication peut être la récidive suite à un traitement. Il est fréquent que des personnes ayant vécu une dépression récidivent plus tard.
Enfin dans les cas les plus douloureux et difficile, un risque suicidaire est également possible.
Comment sortir de la dépression ?
1. Une approche préventive
La prévention a un impact important dans le traitement et la gestion de la dépression. En effet, le fait de pouvoir avoir une vie équilibrée a un impact massif sur la prévention des pathologies mentales, en particulier la dépression. Par exemple le fait de se coucher tôt, de faire du sport, de manger de façon équilibrée, sont autant de petits actes quotidiens qui permettent de prévenir et limiter le développement de troubles dépressifs.
Le fait d’avoir une activité sportive joue sur deux plans :
- un plan biologique, où la sécrétion de sérotonine et de dopamine va être augmentée par l’activité sportive et va nous faire du bien. C’est l’impact au niveau hormonal qui permet de lutter contre la dépression
- un plan psychologique, puisque le fait de faire du sport permet de renarcissiser la personne et lui permettre de se sentir mieux en ayant une meilleure estime d’elle-même.
Le fait d’être entouré et d’avoir des amis, d’avoir de la famille et d’éviter de s’isoler est également un bon moyen pour lutter et prévenir contre la dépression. Le fait d’échanger, de communiquer, de partager des moments plaisants avec autrui ou encore de faire du bien aux autres va également aider la personne déprimée à retrouver du sens à sa vie et à aller mieux. Prendre soin de l’autre permet par déplacement de prendre soin de soi.
Lutter et prévenir la dépression c’est également pouvoir se donner et s’octroyer du temps pour soi. Il est essentiel que vous puissiez vous donner un temps pour vous uniquement. Eventuellement faire de la méditation, ou apprendre de nouvelles choses, lire, etc. Autant de possibilités pour vous sentir vous développer et vous épanouir. On sait que la méditation de pleine conscience a une incidence importante sur la prise de conscience de soi et la baisse de l’anxiété, des ruminations et des idées noires.
2. La psychothérapie et les traitements
Cependant malgré une bonne hygiène de vie et de la prévention, il peut arriver que la dépression l’emporte et soit suffisamment importante pour empêcher la personne de vivre sa vie normalement. Dès lors il est important que cette personne puisse être suivie et soutenue notamment au travers d’une psychothérapie qui permettra à cette personne de pouvoir travailler sur l’origine et la source de l’objet qui a suscité une dépression chez elle.
Il existe différentes thérapies qui permettent d’aider la personne déprimée à retrouver un sens à sa vie. La logothérapie en est une.
3. La thérapie par le sens
Le but de cette approche est de pouvoir aider la personne déprimée à se recentrer sur elle. Il s’agit d’aller aux sources de la dépression et de l’angoisse qui a amené la personne à ce vide existentiel. Cette démarche introspective sur le sens permet de trouver des solutions. Le but est donc de pouvoir permettre à la personne de retrouver un sens à sa vie et lui éviter ce vide existentiel.
En effet, il est difficile pour de nombreuses personnes de s’octroyer un temps nécessaire pour pouvoir s’épanouir dans la société actuelle. Se poser la question de qu’est-ce qui est important pour moi dans ma vie n’est pas aisé. C’est alors qu’il arrive à la personne de craquer et de souffrir de dépression. La différence entre ce qu’elle souhaite (sa vie idéale) et la vie qu’elle mène (la vie réelle) peut être difficile à accepter.
Le fait de ne pas s’octroyer ce temps-là pour soi contribue à ce que l’on se sente dépassé. Faire le point peut mener à une solution entre la vie que l’on mène et la vie que l’on souhaite pour soi même.
4. Consulter un psychologue
Il est donc primordial pour une personne souffrant de dépression de pouvoir aller voir un professionnel comme un psychologue. Ce dernier pourra aider la personne à traiter en profondeur cette souffrance quotidienne.
Le psychologue est là pour aider la personne à résoudre les conflits qui l’empêche de vivre pleinement sa vie. Il l’aidera à vivre librement et en pleine conscience sa vie.
Dans les cas les plus graves il est important que la personne puisse aller consulter un psychiatre. Seul ce dernier pourra éventuellement prescrire un traitement médicamenteux en parallèle de la psychothérapie.
Pour aller plus loin :
- http://www.info-depression.fr/
- https://www.ameli.fr/alpes-maritimes/assure/sante/themes/depression-troubles-depressifs/symptomes-diagnostic-evolution